Le « syndrome de manque de nature » mis en évidence notamment par Richard Louv (dans son livre Last Child in the wood - 2005) montre qu’il est responsable de troubles du comportement et du développement chez les enfants ainsi que chez les adultes, de stress, d’anxiété, d’impulsivité, d’hyperactivité, de difficultés à se concentrer, à dormir, de diminution de la résistance aux maladies, etc. À l’inverse, des études montrent que le fait de passer du temps dans la nature permet de réduire de manière importante ces différents troubles.
La crise sanitaire du Covid19 a accéléré cette prise de conscience en France et a favorisé le développement de pratique régulière de classe dehors. Cette pratique pédagogique se développe et acquiert désormais une certaine légitimité de la part de l’institution. Fin avril 2021, tous les enseignants ont reçu un courriel du ministère de l’Éducation nationale encourageant clairement cette pratique dans le premier degré : « les classes en plein air sont bénéfiques sur le plan sanitaire et elles le sont aussi sur le plan éducatif. ». De plus en plus d’enseignants se sont mis à faire classe dehors. Les premières formations ont vu le jour ainsi que les premiers réseaux nationaux tels que Classe-dehors.org, de nombreux articles de presse et des ouvrages sont publiés, des films documentaires sont réalisés, des sites de partage de ressources mis en ligne.
Faire école dehors : c'est la classe !
Faire « classe dehors » est une pratique d’enseignement régulière dans un espace de nature de proximité, tout au long de l’année. C’est une approche interdisciplinaire qui peut concerner tous les domaines d’apprentissages de l’école. La nature devient un véritable support pédagogique pour l’enseignant.
Enseigner dehors à proximité n'est pas à considérer comme une simple sortie scolaire. Faire classe dehors c’est faire classe tout simplement. Enseigner à l’extérieur n’exclut pas l’enseignement à l’intérieur, ni même de considérer que la seule nature qui vaille est loin des centres villes.
Cette pratique pédagogique est de plus en plus étudiée en France notamment sous l’impulsion de la dynamique « Sortir ! » du réseau français pour l’éducation à la nature et à l’environnement (FRENE) qui a coordonné une recherche-action nationale « Grandir avec la nature ». Cette recherche a pour objet d’explorer les relations éducatives et formatrices qui s’instaurent entre les enfants et la nature. Dans ce cadre Sarah Wauquiez (Rapport intégral de la Recherche-Action Participative « Grandir avec la Nature » en Bourgogne-Franche-Comté, 2022) a pu mettre en avant que l’école dehors apporte :
Santé et bien-être
Des compétences individuelles : estime de soi, conscience et confiance en soi, créativité, autonomie, autodiscipline, concentration, résilience, esprit critique, compétences spatiales
Des compétences sociales : coopération, communication, meilleure ambiance de classe
Une expérience vécue de l’environnement et du mode de vie durable : tisser et renforcer le lien avec la nature et l’environnement proche, contribue à développer un mode de vie durable
Motivation d’apprendre
L’éducation à l’environnement : une éducation dehors par nature !
Éduquer dans la nature est une base essentielle du métier d’éducateur à l’environnement. Faire vivre une expérience dehors, en immersion dans la nature, fait partie intégrante des méthodes pédagogiques employée en éducation à l’environnement pour favoriser l’émerveillement des individus, leur curiosité, leur prise de conscience, et leur envie d’agir. Source de nombreux savoirs, savoir-faire et savoir-être, l’éducation dans la nature permet l’épanouissement de l’individus.
Les éducateurs environnement ont les compétences pour accompagner les enseignants à se lancer
Certains enseignants ont des difficultés à se lancer.
Les principaux freins évoqués sont : la peur des risques, la peur de la réaction des parents, la météo, le manque d’équipement approprié des enfants, le peu d’intérêt du milieu environnant l’école.
Rassurer sur les risques en les identifiant sur le terrain, trouver un lieu ou plusieurs pour élargir les potentiels de découvertes et d’activités, aider à s’organiser / s’équiper (à moindre coût) pour sortir par temps froid ou humide et proposer des ressources pour des activités à faire.
L’éducateur environnement peut accompagner l’enseignant sur le montage du projet. Il apporte son expertise sur la démarche « école dehors », aide au choix du lieu, l’occupation de l’espace, la gestion des activités dehors. Il propose, conseille, initie des rituels et des activités, co-anime certaines séances avec l’enseignant, observe les enfants et échange avec l’enseignant sur l’expérience vécue, apporte des connaissances naturalistes, soutient l’enseignant sur la durée.
Une fois la régularité de la classe dehors installée, l’enseignant est autonome dans sa mise en place et l’éducateur environnement peut revenir plus ponctuellement, comme « expert naturaliste » pour travailler avec les enfants qui se sentiront à l’aise dehors et donc plus ouverts à apprendre sur la nature qui les entoure. L’intervention pourra se faire dans le cadre de projets sur le long terme intégré à un véritable projet pédagogique de classe.
Le Graine Centre-Val de Loire accompagne le développement de l’école dehors par différentes actions :
Mettre en réseau
Le Graine Centre-Val de Loire anime un groupe d’échanges de pratiques et la mise en réseau des éducateurs à l’environnement et des enseignants, en organisant notamment des temps d'échange de pratiques. Vous pouvez intégrer ce groupe, ouvert à tous les éducateurs environnement et tous les enseignants qui pratiquent déjà ou qui veulent se lancer.
Le réseau met en place des formations pour les éducateurs à l’environnement et pour les enseignants afin de développer leurs compétences sur l'école du dehors.
Le Graine a mis en place un espace de partage de ressources en ligne sur lequelle chacun peut trouver des ressources sur l'école du dehors ou partager les siennes.
